Yoga Sutra
Yoga sutra I.1: atha-yoganusasanam
Ce premier sutra place le yoga dans la catégorie philosophique « anusanam », c’est-à-dire la catégorie de l’expérience. Il ne s’agit donc pas de théories à ruminer, mais bien de quelque chose à vivre.
Mais quelle est l’expérience à laquelle Patanjali consacre cet ouvrage si détaillé et profond ? Ce n’est pas une expérience physique, puisque seuls trois des cent quatre-vingt quinze aphorismes traitent des postures.
Il me paraît urgent de redécouvrir le sens de cette expérience, car le yoga peut être considéré comme un outil vital dans le contexte actuel de crise généralisée. Il est clair que nous n’atteignons pas notre plein potentiel humain ou spirituel, et les conséquences nous pèsent individuellement et collectivement. Le monde extérieur semble refléter notre déséquilibre intérieur.
L’expérience évoquée par Patanjali c’est l’expérience de nous-mêmes. C’est une invitation à retrouver notre conscience, à redécouvrir notre intuition et à réaliser qu’il est possible de vivre autrement qu’à travers nos peurs et nos limitations illusoires.
Cependant, les retrouvailles avec Soi ne sont pas simples, tellement on est ancrés dans le fonctionnement animal du besoin de survivre. Patanjali nous invite à revenir au présent, et il nous transmet à cet effet une multitude d’outils physiques, respiratoires et mentaux.
Sutra I.3 tada drastuh svarupe avasthanam
« Lorsque le mental est sous contrôle, la vraie nature de la conscience se révèle » Le choix de techniques en yoga est si vaste qu’il est facile de s’y perdre. On oublie vite que la posture, par exemple, n’est pas une fin en soi mais bien un moyen : un moyen de calmer le mental, et enfin pouvoir l’orienter vers quelque chose d’essentiel.
Mais quel est cet essentiel vers lequel on peut maintenant s’orienter ? La conscience ? Dieu ? L’amour ?
Dans le premier chapitre des yoga sutras, Patanjali s’attarde sur un outil auquel il attache une grande importance : le fait de s’abandonner au divin. Le divin, oui, mais ce n’est pas n’importe quelle divinité ! Isvara se définie par ses trois qualités : ses actions ne sont pas influencées par l’attachement au résultat, il est l’origine et la source de tout, et il n’est pas limité par le temps.
Sutra I.23 Isvara pranidhanadva : « S’abandonner pleinement sans distraction à Isvara »
Mais cet abandon s’avère difficile lorsque notre attention, notre énergie et nos émotions sont totalement orientés vers la survie. Dans notre état habituel, on s’accroche comme on peut à toute relation, à toute situation qui favorise la survie, et il en résulte une déconnexion intérieure source de conflits émotionnels et de confusion, laissant peu de place à autre chose. Avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut s’abandonner à l’essentiel s’il n’y a plus la place en nous.
Les outils du yoga permettent d’apaiser le corps, les émotions et le mental. Une fois toutes ces perturbations ôtées, il reste une chose essentielle : Vous, en toute « divinité ».
On ne cherche pas l’essentiel en yoga, on lui laisse la place, tout simplement.
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